Ainsi les trois avions postaux de la Patagonie, du Chili et du Paraguay revenaient du sud, de l'ouest et du nord vers Buenos Aires. On y attendait leur chargement pour donner le départ, vers minuit, à l'avion d'Europe.
Trois pilotes, chacun à l'arrière d'un capot lourd comme un chaland, perdus dans la nuit, méditaient leur vol, et, vers la ville immense, descendraient lentement de leur ciel d'orage ou de paix, comme d'étranges paysans descendent de leurs montagnes.
Rivière, responsable du réseau entier, se promenait de long en large sur le terrain d'atterrissage de Buenos Aires. Il demeurait silencieux car, jusqu'à l'arrivée des trois avions, cette journée, pour lui, restait redoutable...
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"Il est inexplicable que nous soyons vivants. Je remonte, ma lampe électrique à la main, les traces de l'avion sur le sol. À deux cent cinquante mètres de son point d'arrêt nous retrouvons déjà des ferrailles tordues et des tôles dont, tout le long du parcours, il a éclaboussé le sable. Nous saurons, quand viendra le jour, que nous avons tamponné presque tangentiellement une pente douce au sommet d'un plateau désert."
Grand Prix du roman de l'Académie française 1939
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En juin 1940, le groupe de grande reconnaissance 2/33 a perdu en de vaines missions dix-sept de ses vingt-trois équipages. À leur tour, Saint-Exupéry, capitaine pilote, et son observateur, le lieutenant Dutertre, sont convoqués par le commandant Alias. Leur tâche : «Survoler à 700 mètres d'altitude les parcs à tanks de la région d'Arras. - C'est bien embêtant...», dit le commandant. «Mission sacrifiée», pensent les intéressés. Ils obéiront pourtant «comme l'on sauve des rites lorsqu'ils n'ont plus de contenu». Cérémonial de l'habillage, gestes quotidiens du métier, c'est le départ et ce sera, entrecoupée par la nécessité de surveiller l'inhalateur, de lutter contre le palonnier gelé, de maintenir le contact avec les autres membres de l'équipage, entrecoupée par la chasse ennemie et la D. C. A., une longue méditation sur l'absurdité dans laquelle la France est plongée : absurdité de la machine administrative, des villages qui, de Dunkerque à l'Alsace, brûlent pour rien, de l'exode, de cet entêtement à jouer le jeu de la guerre, sans illusion, et à lui sacrifier les hommes. «Il faut que la signification de la mort équilibre la mort», et la mort ici ne signifie rien.
Pourtant la France a bien fait d'accepter cette guerre, de refuser les raisons de l'intelligence qui lui prédisait le désastre pour écouter l'Esprit qui lui rappelait que chacun est toujours responsable de tous, qu'elle est responsable du monde et que son rôle est par ce sacrifice d'appeler le monde à la défense de la civilisation menacée. Quel est le sens de cette civilisation? La plongée dans l'Apocalypse d'Arras, dont l'équipage sortira miraculeusement sauf, apporte la réponse.
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« Les contes de fées c'est comme ça.
Un matin on se réveille.
On dit : "Ce n'était qu'un conte de fées..."
On sourit de soi.
Mais au fond on ne sourit guère.
On sait bien que les contes de fées c'est la seule vérité de la vie. »
Antoine de Saint-Exupéry
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«- Jacques, Jacques emmenez-moi !
Bernis est pâle et la prend dans ses bras et la berce.
Geneviève ferme les yeux :
- Vous allez m'emporter...
Le temps fuit sur cette épaule sans faire de mal. C'est presque une joie de renoncer à tout : on s'abandonne, on est emportée par le courant, il semble que sa propre vie s'écoule... s'écoule. Elle rêve tout haut : Sans me faire de mal.
Bernis lui caresse le visage...
- Jacques !... Jacques... Mon fils est mort...»
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«Il nous semble, à nous, que notre ascension n'est pas achevée, que la vérité de demain se nourrit de l'erreur d'hier, et que les contradictions à surmonter sont le terreau même de notre croissance. Nous reconnaissons comme nôtres ceux mêmes qui diffèrent de nous. Mais quelle étrange parenté ! elle se fonde sur l'avenir, non sur le passé. Sur le but, non sur l'origine. Nous sommes l'un pour l'autre des pèlerins qui, le long de chemins divers, peinons vers le même rendez-vous.»
Un appel à tous ceux qui, épris de liberté, refusent de subir. Un texte d'une rare actualité.
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Buenos Aires, septembre 1930. Antoine de Saint-Exupéry, chef d'exploitation de l'Aeroposta Argentina, fait la connaissance de Consuelo Suncín Sandoval, la jeune veuve salvadorienne de l'écrivain Enrique Gómez Carrillo. Après quelques semaines de vie commune en Argentine, ils choisissent de se marier en France auprès de la famille de l'aviateur.
Mais la vie conjugale du couple sera un parcours bien chaotique, malgré tout ce qui les réunit - et en premier lieu leur imaginaire commun, peuplé d'étoiles, de petits animaux et de toutes sortes de trésors. L'aventureux ' Tonio ' attend de son épouse une attention et un réconfort de tous les instants que le tempérament de celle-ci, éprise de liberté et douée d'une irréductible fantaisie, ne peut lui apporter continûment.
Mais Antoine et Consuelo ne se délieront jamais de leur alliance, pourtant soumise à des polarités contradictoires. Sacrée à leurs yeux, elle les réunira dans les moments les plus difficiles, jusqu'à New York où l'écrivain se trouve exilé entre 1941 et 1943. Et la promesse réciproque d'un amour inconditionnel leur permettra de supporter, non sans souffrance, l'éloignement et l'inquiétude, lorsque l'engagement militaire de l'écrivain les rendra inévitables - jusqu'à la fin tragique de juillet 1944.
Ces années sont aussi celles de l'écriture du Petit Prince - une fable qui illumine, en leur donnant son sens le plus profond, ces lettres souvent déchirantes d'émotion, où alternent la grâce et le désarroi, la défiance et la lumière. Un jeune prince voyageur, une rose et son globe : nous y sommes ! ' Il était une fois un enfant qui avait découvert un trésor ', écrit Antoine de Saint-Exupéry dans sa première lettre à Consuelo. ' Mais ce trésor était trop beau pour un enfant dont les yeux ne savaient pas bien le comprendre ni les bras le contenir. Alors l'enfant devint mélancolique.
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Tout écrivain, tout grand homme a entretenu des relations épistolaires avec sa famille. Mais Saint-Exupéry était lié à la sienne par une affection et une tendresse de chaque instant.
La maison et le parc de l'enfance, des êtres chers trop tôt disparus, une mère hors du commun, ouverte à toutes les formes de l'art et de l'esprit, ayant surmonté tout au long de sa vie tant de chagrin et de difficultés, tout a contribué à rapprocher Antoine de Saint-Exupéry de celle à qui il écrivait en 1930 : 'Dites-vous bien que de toutes les tendresses la vôtre est la plus précieuse et que l'on revient dans vos bras aux minutes lourdes. Et que l'on a besoin de vous, comme un petit enfant, souvent. Et que vous êtes un grand réservoir de paix et que votre image rassure...
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Aux nombreux fervents de Saint-Exupéry, cet ouvrage apporte, pour la période 1939-1944, un ensemble de documents et de témoignages, parfois connus mais dispersés ou inaccessibles, souvent inédits, qui éclairent vivement son attitude pendant la guerre et sa destinée.
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Parmi les oeuvres de Saint-Exupéry, les Carnets sont une oeuvre à part, faite de réflexions, de constatations, d'interrogations... À l'origine, c'est une démarche personnelle destinée à n'être lue et relue que par l'auteur qui dialogue avec lui-même, et non pas des notes pouvant servir de trame à de futurs romans. Travail de réflexion intime, ils n'étaient pas destinés à la publication et représentent souvent à la suite de discussions que Saint-Exupéry avait eues avec ses amis ou relations les conclusions qu'il pouvait en tirer. Qu'il se révolte contre les Espagnols qui saccagent leur pays ou qu'il développe sa théorie de l'égalité, Saint-Exupéry se fait le chantre du langage.
On retrouve dans ces pages les questions que chaque homme se pose quand il voit le monde entier dans lequel il a vécu aller à vau-l'eau, dépassé par les situations qu'ont créées ses contemporains.
C'est aussi la découverte de la sensibilité d'un homme curieux de tout, qui, entre l'énoncé classique d'un théorème de physique et la résolution d'un problème financier, écrivait : 'Je prendrai de chacun de vous tout le bien, et j'en formerai un cantique.
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«Les contes de fées c'est comme ça.
Un matin on se réveille.
On dit : Ce n'était qu'un conte de fées...
On sourit de soi.
Mais au fond on ne sourit guère.
On sait bien que les contes de fées
c'est la seule vérité de la vie.»
Antoine de Saint-Exupéry.
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