Extrait : « Il n'y avait personne ce matin. Juste, loin sur la plage, un de ces tracteurs à remorque qui charrient les algues laissées par la mer. En face, une énorme balise, noire et blanche. Et puis la mer et le vent. Je suis resté là un bon moment. Je me sentais vidé. Je me suis dit que, ces derniers mois, je devenais peut-être fou. Ou peut-être je vieillissais. Peut-être les autres aussi vivent-ils ça : cette haine lente de soi et cette envie de détruire. »

Certaines grandes personnes pensent, encore aujourd'hui, que Tante Pepita n'existe pas.
On les reconnaît à ces détails navrants : elles n'aiment pas le chocolat, pas les hippopotames, pas les voyages, pas Paris la nuit et, jamais, au grand jamais, elles ne vous raconteront leurs rêves.

Dans cette ville du Far West qu'est devenue Sarajevo, un nouveau front s'est ouvert : il oppose la France, les États-Unis, la Grande-Bretagne, les pays musulmans et tous ceux qui étaient d'abord venus en Bosnie pour arrêter le massacre. Chacun tente aujourd'hui de récupérer sa mise et de prendre une option sur les faramineux contrats de la reconstruction. La Bosnie est le pays au potentiel de croissance économique le plus élevé du monde. Et cela au coeur même de l'Europe. Sarajevo vit aujourd'hui au rythme de cette guérilla, entre fonctionnaires de l'ONU à la solde de tel ou tel gouvernement, organisations qui n'ont parfois d'humanitaire que le nom, affairistes étrangers venus pour racheter la ville par quartiers entiers et mafieux locaux qui sont prêts à tout leur vendre cash. Dans ce tourbillon, les Français sont les derniers à mêler encore morale et business. Une telle pudeur, comparée à l'offensive ouverte de ses concurrents, pourrait bien faire perdre à la France les avantages que lui valait pourtant son engagement de la première heure. En refusant de le comprendre, elle risque bientôt d'être confinée à la mission assurée aujourd'hui par ses Casques bleus : ramasser les poubelles de Sarajevo. Lire la suite Fermer