Marc arriva dans les premiers jours de mai à Saïda. Une petite ville algérienne accrochée à la montagne et traversée par une route qui conduit au désert. En ce temps-là habitée, en sus des autochtones, par beaucoup de militaires. Deux mois plus tard, il mourait. Sous mes yeux. Une espèce de folie hé...
Peut-on dépeindre « l'amour d'une femme et celui d'un pays au point que l'un devienne le signe et le symbole de l'autre » autrement que par la poésie ? Assurément, non. C'est pourquoi François Xavier nous offre ces vers rafraîchissants pour clamer haut et fort cet amour binôme : « que ce pays soit l...
Je ne joue plus aux petites voitures. J'ai perdu la dernière cet après-midi. Je ne dis plus de mensonges. Le poète rôde depuis quelque temps autour de la maison. Il me reste quelques signes inutilisés. Je pourrais construire plus tard certains poèmes. Le monde s'éloigne au fur et à mesure que je l'o...
Mon errance m'a conduit pendant trois années en Australie et dans le Pacifique. Ravissement de la lumière. Et ensorcellement d'un monde vierge et étrangement néant qui semble aspirer l'angoisse et la métamorphoser en art originaire - l'art aborigène. Australia : rougeur d'une terre qui s'éprouve dan...
Les rues s'ouvrent presque à chaque page, dans les villes petites ou grandes. Les façades s'opposent, les remparts se dressent, la foule passe, les chaussées sont dépavées. La paix ramène les devinettes des blasons, les panneaux indicateurs sans mémoire, les plaques de coin renvoyées à l'oubli. Les ...
Ce que les mots auraient à dire m'importe moins que le fait qu'ils puissent se projeter vers l'inconnu, ou plus modestement y cheminer en serpentant, pour s'établir sur le papier, chargés de l'empreinte d'une magique résonance, d'un Indicible qui porterait, en le traversant, le Verbe - harmonieux mo...
Ce peu que nous sommes À travers les saisons fugaces Butant contre l'opacité du monde Roulés comme galets par les remous du siècle... Comment le poète saurait-il capter autre chose Qu'un écho tremblant, presque inaudible, petite musique dérisoire et obstinée ?...
La pluie danse sur le toit. Il n'y a plus personne, l'histoire est terminée : c'est ici que commence ce texte. La pluie danse, après la mort, seule, cynique, indifférente, nue. Ennuyeuse. Que faire ? Rien ; presque rien. Parler, sans espoir de rétablir un sens univoque. Essayer seulement de parler j...
"L'espérance sait quelque chose probablement mais ce n'est pas un savoir disent les autres on ne répond pas on obéit comme on peut." Prix de poésie du Val de Seine 1999...
Laurent Bayart, en chroniqueur des riens et du cosmos, du détail et de l'essentiel, nous propose une quête de son quotidien et par là même du nôtre. Recherche obsédante mais également nourricière, où la « feuille blanche vient, tel un chaton, réclamer une caresse ». Tantôt légère, sa plume saisit l'...
L'amant parfait frappe à la porte de l'aimée : « Qui est là ? ». « C'est moi ». « N'entre pas ». Après beaucoup de solitude, et toujours amoureux, il revient. « Qui est là ? ». « C'est toi ». « Entre ». On connaît l'histoire, mais on ne peut s'empêcher, avec les poèmes de Jean-Louis Massot, de lui t...
Sous l'appellation quelque peu ésotérique de « Sotie autobusiaque », « Toute La Folie Du Monde » se présente comme une farce satirique stigmatisant les démences de ce temps à partir de trois personnages clefs : Jésus, Marx et... un Français-moyen-clochard-bouffon-ludion. Dans un ordonnancement loufo...
De quelle nature sont nos échanges ? Souvent financiers. Fréquemment guerriers. Généralement négatifs. On pourrait les espérer poétiques. Par fortune....
En observant la réalité, celle des êtres, des événements, des lieux, n'éprouve-t-on pas quelquefois l'impression qu'elle pourrait nous être livrée autrement ? Ce que nous voyons n'est peut-être pas exactement ce qui est ou ce qui a lieu et un regard tout autre ne parvient-il pas à bouleverser les do...
« Ostéoporose » : voilà bien le genre de mot qu'on peut trouver joli, « poétique », tant qu'on ne sait pas ce qu'il veut dire. Ça pourrait être, pourquoi pas, le bruit des vagues dans un coquillage en bord de mer... La réalité sémantique est plus douloureuse. A priori, donc, pas de quoi en tirer un ...
Second recueil de poésie de Jean-Bernard Papi, ces Portraits de famille nous entraînent, grâce à de petits tableaux colorés qui exposent Les phantasmes de l'auteur, parmi Les bons et Les méchants qui Lui sont chers. Que l'on soit au nombre des grands de ce monde comme ce Président envoûté par le cul...
Ce livre est un jardin : une manière d'habiter le monde au rythme des saisons. Comme les jardins classiques, il dialogue avec les paysages voisins et se souvient des saisons passées. C'est aussi, comme les anciens jardins basques, un lieu cerclé de pierres où l'on murmure les paroles de rites peu ca...
Le vin, pour l'ivresse. Étoilé parce que consigné. C'est la misère qui vous y attache, à ce vin-là. Il est mauvais mais pas cher et l'on peut, au fin fond de la déveine, troquer sa bouteille vide contre quelques sous qui, ajoutés à d'autres, permettront d'avoir assez pour en racheter un, deux ou tro...
Une traversée de la nuit, avec ses questionnements et ses doutes, liés à des temps de clôture et de ronce. Prix de poésie du Val de Seine 2000. ...
« La poésie est à la vie ce qu'est le feu au bois », écrivait Pierre Reverdy en une équation significative. Nous qui lisons, nous qui écrivons, nous attendons du poème qu'il soit un plus-être, un mieux vivre. Loin de nous éloigner du réel, la vision poétique communique aux visages et aux paysages de...
Au fond du regard la besogne avance lentement. Mon père lâche ses outils, se redresse, s'appuie sur le coude et me scrute. - C'est sympa de faire ce chantier ensemble, me dit-il. La face orientée vers le soleil, il me sourit la main placée en visière au-dessus des sourcils ; je reste de glace. De fi...
Foyers de fractures, c'est l'une des formules auxquelles les radiologues ont recours dans leurs comptes rendus. Pour avoir connu des étapes de cendres et nombre de cassures clandestines, j'ai cru bon de reprendre l'expression et d'en coiffer cette osmose de tensions, de saccages et de désordres obsc...
Ce soir-là, comme tous les soirs, il rentra assez tard de son travail. Comme tous les soirs, son geste automatique à la boîte aux lettres, qui, ce soir-là, était vide - Parfait ! se dit-il - puis les six étages, la clef dans la serrure, la porte ouverte et refermée, le coup d'oeil sur le répondeur. ...
Dans ce recueil, la parole qui se dévoile, raconte l'écriture enfantée dans une région, la Champagne. L'enfance est la découverte de l'écriture, d'une nouvelle parole, de son usage puis de son parcours. Ici, la parole est vécue. La parole est une « guerre du goût » contre une famille qui ne comprend...