Journal de voyage au Chili, un pays où on apprend le soupçon, par prudence, sans voir qu'il contamine le regard, qu'il convertit la sensation en pressentiment.
Un narrateur baladin sur des chemins d'exode, dans un pays en guerre qui ressemble comme un frère à celui de Goya. Témoin candide et malmené, il suit des convois, prête la main, se fait des compagnons. Un empailleur le prend à son service, un peintre devient son ami. Il les perd, les retrouve, traverse des villes, des marais, une mer morte et des montagnes. Des comédiens ambulants lui donnent un spectacle dans une mairie déserte. Et dans un ermitage, un moine, avec son aide rassemble un petit musée naturel. Trois saisons, le siège, le saccage, l'occupation, jusqu'au retour dans la ville, sur la place majeure et le deuxième jour de mai, des hommes tournant sur eux-mêmes font un manège sombre où le héros reprend sa place.
Cinq jours, cinq nuits. Un tour de temps. Les ombres passent. Sur une scène vague, où l'on peut à la fois dire, regarder, et faire. Ils sont un certain nombre : l'enfant aux yeux fermés, l'homme chargé, l'homme qui rentre, la racommodeuse, et d'autres encore. Ils font la sentinelle sur le bord d'un canal. Ensemble, jusqu'à la nuit des voeux : alors, l'été se fête et puis s'en va.