« Ce qui a été tenté, ici, au fil brisé de l'apparition des livres d'Edmond Jabès, c'est de marquer les étapes et tournants, les significations multiples d'une démarche qui s'inscrit au coeur même de la modernité en ce qu'elle relance toujours plus loin cette interrogation, cette mise en question du langage et du livre dont les effets se font sentir dans tout l'espace littéraire. Par ailleurs, le projet fut de montrer l'irréductibilité et l'irressemblance d'une oeuvre qui redonne sens aux plus grandes dissidences de ce temps. De montrer que sa marginalité et son originalité la révèlent, toujours plus, en fait, sinon comme un exemple, du moins comme une preuve vivante, à la lettre, de la pérennité des transformations... » J.-G.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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«Ce livre n'a d'autre histoire que celle de la suite des titres antérieurs, L'Éveil, Le Mais trop blanc, La Préparation des titres, Aube... Il résulte aussi de lectures et principalement d'une performance réalisée avec Serge Renaudie à La Péniche sur le canal Saint-Martin le 19 février 1979. Marqué d'une obsession, d'une mort inoubliable, d'un sacrifice extérieur, il reste ponctué par le Zen, cette carcasse vide et porté par un rythme, un souffle réguliers, ceux de sa propre lecture mise au point au cours des années. Une aventure de la voix et du livre au-delà, in the black cloak, le vestiaire obscur de la poésie.»
Pour recouvrer le réel, mais qu'est-ce que le réel, faut-il passer par le sas abrupt de la poésie? Ici, violemment, sans précaution, le «grungy» (grunge), emprunté au rock, assène la gifle du réel au milieu des avatars du poème, détourne le cours de livres antérieurs (la mort, le bunker, le passage). Le réel qui compromet le projet, tout projet de poésie... Seul demeure ce qu'elle ponctue autrement, d'une manière allusive, voire décalée, avec le rythme irrégulier, brisé, d'un mouvement «qui mâche la mémoire» (comme la ville) dans une architecture d'ennui foncier ouvrant «un compendium de feuilles crades» où la démarche bascule, de la saturation livresque de K ou le Dit du Passage au site sans hiérarchie de Grungy Project.
Joe's bunker est composé de deux longs poèmes dominés par l'heptasyllabe, qui parfois dérange avec sa césure qui met à mal le rythme par un constant déplacement, mais qui, par ce moyen, révèle un rythme nouveau, déplacé, commandant le poème, le vers, les mots. La réflexion sur la métrique parcourt ce texte, dans lequel l'auteur cherche à donner une forme à l'inexprimé. Et il y réussit en donnant sens à ce montage de mots, de bribes de souvenirs et de journal intime, d'ébauches de réflexions morales, de citations.
Travelogue s'inscrit dans une autre topique de rupture où s'aggrave, après Grungy Project, l'aventure antagonique, où culmine la dérision de la poésie... Où l'expression s'est resserrée sur le seul ordre de la ville. Ordre malade, où le regard erre, maintenant, sans retenue et se perd fasciné à travers les épisodes chaotiques et crus, les images obsessives d'un amour...